Ma libido et Brad …
Elle était là, chaude comme la braise, et puis pouf, elle a disparu !
J’ai beau expliquer à Brad que cela n’a rien à voir avec lui, cette dernière reste introuvable. Avant de m’inquiéter sérieusement pour cette satanée libido et de tirer la tronche, j’enfile ma tenue de Fantômette et décide de partir à sa recherche.
C’est grave Docteur ?
La libido, cette mécanique (très) complexe
La libido est un terme général qui provient de la psychanalyse et signifie, selon Freud, “Elan vital” : une force et une énergie qui nous poussent à nous accrocher à la vie. Elle regroupe tous nos instincts primaires, nos pulsions et nos envies, qu’elles soient concrétisées ou fantasmées.
La libido est donc une notion plus large que le désir. C’est une émotion qui donne envie l’un de l’autre et qui se traduit ensuite par une excitation physique. Mais la définition aujourd’hui a un peu évoluée pour être un synonyme d’appétit sexuel. Il s’agit d’un élan qui nous porte vers quelqu’un d’autre de façon intime. L’envie sexuelle, elle, diffère d’une personne à l’autre. Comme quand on est à table et que l’on a une petite fringale.
Ce n’est pas une maladie, encore moins un problème et ce n’est pas honteux.
Savoir et comprendre
Quand un homme et une femme se rencontrent, il y a une convergence hormonale qui donne envie de faire l’amour tout le temps. Le désir n’a pas de genre puisque l’hormone qui entre en jeu est la même chez l’homme et la femme : il s’agit de la testostérone. C’est l’euphorie sexuelle des débuts. Une recherche instinctive et irrépressible de plaisir.
“ Le désir sexuel est vraiment axé sur la sexualité alors que la libido est davantage rattachée à l’énergie vitale au sens général.” DIANE DESWARTE, sexologue.
Pic d’énergie, sentiment d’empathie et de relaxation, le moment de l’orgasme est un cocktail d’explosion et dans tous les cas, c’est le cerveau qui commande. Ce dernier va transmettre des molécules d’hormones aux neurotransmetteurs qui vont augmenter de manière assez importante.
La libido, elle, est très fluctuante et peut baisser ou augmenter en fonction de plusieurs facteurs. Il est donc normal qu’à certains moments de sa vie on puisse ressentir une baisse. Mais normal, ne veut pas dire inéluctable !
Pourquoi ma libido s’est fait la malle ?
Quand je matte Julie Delpy dans sa série “On the Verge”, Samantha Jones dans “Sex & the City” ou encore Sylvie Grateau dans “Emily in Paris”, je vois toutes ces quinquas flamboyantes au sommet, affichant une allure désirable et sexy. Même ma voisine “cougar en diable” déploie ouvertement ses conquêtes. C’est comme si la ménopause sortait de leur champ d’appétence ; je me dis que la quinqua d’aujourd’hui est bien capable de s’enflammer encore et que Dame Libido n’a pas totalement pris le large ! En résumé, la sexualité des femmes matures n’est plus taboue. Femmes au bord d’un grand vertige.
“Qui a peur des vieilles ? “ comme l’illustre Marie Charrel aux éditions les Pérégrines, les quinquas sortent de l’ombre, elles sont de plus en plus libérées et affirment plus que jamais leur désir.
Mais alors nous ?
Si notre libido n’est pas toujours au rendez-vous et qu’elle se fait la malle, c’est qu’il n’y a pas que le mot “flemme”, sans vouloir vexer Brad.
La vie ne ressemble pas forcément à une série TV. Un événement personnel, le stress, la fatigue, ou certaines pathologies comme la dépression, le diabète, le cancer, et bien sûr des traumas peuvent altérer notre désir sexuel.
Est-il faux de se dire que cela est dû au temps qui passe avec Brad, à la routine quotidienne ?
Et cette satanée ménopause ! Cette péri ménopause dont les fluctuations hormonales chamboulent notre quotidien et nos états d’âme avec le sentiment d’être hors-jeu.
Comment se fait il que nous ayons adoré faire l’amour puis que l’on en ait perdu le goût ?
Comment la stimuler ?
Même si j’adore les fruits de mer, le chocolat, les noix, la cannelle et le gingembre… Je me dis qu’il vaut mieux lâcher son portable, laisser de côté les courses et le ménage, et se rendre disponible l’un pour l’autre (ce qui n’empêchera pas de coller une éponge entre les mains de Brad).
Le désir se travaille, il faut se donner “un temps amoureux”. Montrer à l’autre qu’il est important et qu’on le considère. Un contact physique qui n’aboutit pas systématiquement à du sexe, mais qui nous reconnecte. Ce n’est pas la fin des haricots. Si la passion ne dure qu’un temps, le désir ne s’en va pas forcément avec l’âge. Il suffit de volonté et d’entretien…et savoir vivre en couple. Vivre pour soi pour mieux retrouver l’autre, se manquer, laisser une part de mystère, vivre, aimer. Se réinventer une vie sexuelle, imaginer de nouveaux jeux, regagner confiance en soi et accepter votre corps et celui de l’autre.
Prendre du temps, faire une parenthèse parce que force et réconfort ont le don de repousser les problèmes…Et rien ne vaut le dialogue : une discussion constructive avec Brad peut faire des miracles ! La libido, c’est comme le feu : il suffit de souffler sur la braise pour l’alimenter un peu ! Un massage, une caresse, et hop, l’envie de faire l’amour pointe le bout de son nez. Cette envie de se sauter dessus arrive sans crier gare.
Sea, Sex and Sun
Cette chanson chantée par Serge Gainsbourg n’en reflète pas moins une réalité sociologique avérée : les Français(es) feraient bien plus l’amour pendant leurs congés.
Oui, on oublie tout sous le soleil de Mexiiiico, la chaleur et le soleil impactent positivement nos différentes hormones. S’offrir une parenthèse enchantée est souvent un antidote salvateur. Sur fond de conditions climatiques favorables à l’accouplement érotique, les congés semblent bons pour notre libido !
Je lisais justement à Brad qu’une étude menée en 2015 par l’IFOP qui montre que 54% de nos compatriotes affirment avoir plus de rapports sexuels lorsqu’ils sont en vacances, avec une prédilection pour le coït au saut du lit et/ou à la tombée de la nuit. Et que 5 Français sur 10 disent avoir envie de faire davantage l’amour en été ; comme quoi, la météo est un véritable boosteur d’hormones !
La lumière joue sur la sérotonine, l’été est donc une saison propice aux plaisirs de la chair. Soirées plus longues, oisiveté et tenues légères sont autant de raisons qui expliquent que la libido s’emballe. Désir réactif, il est temps de cajoler Brad sans modération, au-delà de sa transpiration, laissons nos hormones s’affoler !
Arrêtons de croire que pour les femmes ménopausées il y a une date de péremption.
Galipettes sans frontières : “Love hôtels”, “Sex hôtels”, “Retraites” pour renouer avec son “féminin sacré “etc… Ce tourisme de l’intime est aussi le nouveau créneau des géants du tourisme. Donc, voyager permettrait de booster sa libido comme jamais ?
Ça s’en va et ça revient
Niveau hormones, à la ménopause, la baisse du taux d’œstrogènes a été soulignée dans différentes études. Associé aux désagréments d’une sècheresse vaginale, cela peut engendrer une baisse de désir. Le niveau de la testostérone – appelée l’hormone du désir – est présente en faible quantité. Traitements hormonaux, lubrifiants, homéopathie, acupuncture ou même remèdes de grands-mères naturels permettent de rebooster le désir et la confiance en soi. Des romans érotiques aux vibromasseurs, laissons faire l’imagination et aidons notre cerveau à nous connecter, sans aucune pudeur, au plaisir féminin.
Pour certaines, la ménopause est le signe d’une nouvelle étape de vie, et bien sûr, elle ne signifie pas la fin de la sexualité. Et vous savez quoi ? L’envie de sexe revient ! Oui, derrière ses hauts et ses bas, la libido s’enflamme ! Les filles, il est temps de sortir de son hibernation et de s’offrir une récréation. Après un long fleuve tranquille, comment garder le cap du désir ? A la cinquantaine, si le couple a tenu bon et que le partenaire est attentif, on élargit la notion de plaisir – Brad est très attentif ! -.
Retour de flammes !
L’orgasme n’est plus obligatoire : exit les performances, on compense avec plus d’imagination. Place à davantage de sensualité, tout est prétexte à jouir au sens large. Parfois, l’irrégularité de nos cycles, peut provoquer une feu d’artifice hormonal inattendu : on se désinhibe, on se libère avec la soif d’être désirée. De nouvelles envies, et hop ! C’est reparti ! On remet le couvert !
D’autant plus que selon une nouvelle enquête, les 50- 70 ans qui font l’amour vivent plus vieux, en meilleure santé et sont plus heureux : de très bons arguments pour s’entrainer régulièrement ! Je vous rassure, Brad n’a pas d’andropause. Stop, arrêtons avec nos nombreuses questions qui tambourinent dans nos crânes. J’ai retrouvé ma libido ! Pas enfouie au fond de mes poches, ni sous le lit, pas d’autoflagellation. Chaque couple à son rythme : ne pas confondre rituel et routine. Garder le cap du désir et choyer sa sexualité. Y’a pas d’âge pour jouir !
La quête d’une libido toujours au beau fixe
Je repense à ce film : “Iris et les hommes” avec Laure Calamy : elle y incarne une quadra un peu coincée qui décide de partie à la conquête de son désir et de son plaisir en s’inscrivant à des applis de rencontre. De “date en date” elle se (re)découvre bouleversée par les délices de la sexualité. Je n’incite pas à prendre d’amant ni tromper à tout va, mais cela peut être une certaine façon de raviver son plaisir et de se sentir vivante. On rallume son désir avec quelqu’un d’autre, et dans ce film, cet adultère sauve finalement son couple.
On parle beaucoup aussi dans les médias que les jeunes font de moins en moins l’amour, que leur vie sexuelle est beaucoup moins active : en fin de compte, j’suis fière d’appartenir à une autre génération !
Gardons le cap et soyons positives : en Chine, la période postménopause est appelée “second printemps”. Ça tombe bien : le printemps stimule la libido plutôt que les allergies !
A lire par la psychologue Catherine Grangeard « Il n’y a pas d’âge pour jouir » Editions Larousse. A fêter : le 18 octobre: journée mondiale de la ménopause !