Sailor Jerry : du tatouage au rhum.
L’histoire de Norman “Sailor Jerry” Collins
C’est une histoire de voyages, une aventure initiatique. C’est la vie de Norman Keith Collins aka Sailor Jerry totalement avant-gardiste, à la fois pirate, artiste, tatoueur, gentlemen, marin et aventurier comme pouvait être Corto Maltese.
L’histoire commence en 1911. Norman Keith Collins naît le 14 janvier 1911 à Réno dans l’état du Nevada. Son père lui donne le surnom de “Jerry” car Norman possédait le même caractère têtu que le mulet familial qui se prénommait Jerry.
Dès sa jeunesse, il cherche son rêve américain en parcourant le pays illégalement à travers les trains de marchandises ou en auto-stop. Il finit par poser ses valises à Chicago où il fait la rencontre de Gibs ”Tatts” Thomas, un tatoueur du coin. Sous sa tutelle, le jeune homme, âgé de 19 ans, s’essaie au maniement des premières machines à tatouer électriques (les fameux dermographes). Une initiation qui va largement faire évoluer sa pratique. Après avoir passé quelque temps à tatouer sous les arcades infâmes des bas-fonds de Chicago, Norman décide d’intégrer la Great Lakes Naval Academy et commence à sillonner le monde à bord de larges bateaux, d’où son surnom : “Sailor”.
Jerry le marin
La mer sera son terrain de jeux. Ces voyages incessants le mèneront notamment jusqu’à la mer de Chine, et marqueront le début d’une obsession pour l’iconographie des océans, mais aussi pour celle de la culture asiatique. Deux univers qui nourriront son imaginaire jusqu’à la fin de ses jours. Durant ces multiples voyages, il étudie l’art et l’imagerie populaire de l’Asie du Sud-Est.
À la fin des années 1920, notre artiste finit par prendre ses quartiers à Hawaï, plus précisément sur Hôtel Street, une rue d’Honolulu connue pour ses innombrables bars, bordels et salon de tatouages. Un choix judicieux puisque ce spot devient rapidement le lieu de passages des marins et soldats, qui veulent tirer parti de tout ce qu’Hawaï peut leur offrir. Il ouvre donc son propre salon de tatouage et façonne sa réputation en maitre de l’art corporel asiatique.
Sailor Jerry, le tatoueur des marins
C’est un salon de tatouage insolite avec ces inspirations chinoises, japonaises et indiennes. D’un point de vue technique, Sailor Jerry développe sa propre gamme de pigments, augmente la gamme de couleur de ses encres, et crée notamment la couleur violette. Sur le plan esthétique, il crée un style “Old School” totalement novateur, représenté par des traits épais et des couleurs vives. Il immortalise sur la peau des pinups plantureuses, navires, aigles royaux et une imagerie marine luxuriante, le tout avec un univers très “Bad boy”. De la geisha colorée en passant par les dragons tout-puissants, il fusionne les sensibilités américaines et asiatiques avec son propre style iconique, irrévérencieux, radical et beau.
Pionnier du tatouage Old School
Vouant une grande admiration aux maîtres japonais appelés “Horis”, Il devient le premier occidental à entrer en correspondance régulière avec ses maîtres et affine son travail technique de tracés et de détails. Il combine magnifiquement des dessins mêlant Orient et Occident.
Au fil du temps, il conçoit ses propres tatouages d’une manière très personnelle, de telle sorte qu’il invente son design dans la combinaison du style japonais Horimino.
Il vante les mérites de la stérilisation des aiguilles grâce à laquelle le tatouage cicatriserait mieux et accorde une attention particulière à l’hygiène, en n’utilisant ses aiguilles qu’une seule fois.
Mais revenons au style Old School, plus précisément sur les thèmes les plus répandus : on y retrouve les pinups, l’hirondelle, le poignard, l’ancre de marin, l’étoile, la gitane, l’aigle, des roses, des cœurs, des navires, et le chiffre 13 “lucky number” en autre. Ces symboles signifiant son amour pour les voyages et la navigation et protégeant du mauvais œil.
Son travail est aussi un engagement moral qu’il transmettra par la suite à ces deux protégés : Ed Hardy et Mike Malone. Lesquels se sont distingués en perpétrant l’œuvre de leur maître, exerçant le métier de tatoueur et travaillant à la reconnaissance posthume du travail de Sailor Jerry après son décès en 1973 d’une crise cardiaque. Il lègue sa boutique et son art à Ed Hardy et Mike Malone en leur laissant pour instruction de bruler la boutique si celle-ci ne finit pas entre leurs mains. Malone l’exploitera durant 25 ans.
Le rhum Sailor Jerry
Ce rhum a vu le jour dans les années 2000 et a été conçu avec la volonté de préserver l’héritage de Norman Collins en prônant authenticité et liberté d’esprit.
Estampillé d’une “Hula Girl”, icône emblématique de la marque, ce rhum reprend les codes exacts de celui qui l’a inspiré, jusqu’à intégrer sa signature et ses dessins sur l’étiquette de la bouteille.
Et si l’on regarde à l’intérieur de la bouteille, au verso de l’étiquette, il se cache une des huit pinups tirées des artworks originaux du tatoueur : la classe !
Ce rhum est fabriqué à partir de rhum Caribéen lentement infusé de vanille et de cannelle.
Il est distillé aux Iles Vierges des États-Unis et c’est le digne héritier des “Navy Rums” servis à bord des navires de guerre de la marine Américaine. Les marins avaient l’habitude de bonifier leur rhum en y ajoutant plusieurs épices d’une couleur grillée qui rappelle les couchers de soleil… Concernant les notes de dégustations, on y retrouve un nez gourmand et suave aux notes de caramel et de vanille, une bouche aux accents boisés de cannelle, amande et noix de muscade, accompagnées de tons subtiles de café et cacao cru.
Pour anecdote, en vidant ses affaires après son décès, les amis de Collins ont découvert la recette d’un rhum épicé inspiré par les marins de l’époque. Aujourd’hui, il est plébiscité par les Bar tenders pour sa qualité supérieure et s’est vu décerner de nombreuses médailles.
Depuis, de nombreux dérivés existent : vêtements Ed Hardy, objets décoratifs, objets usuels, sous le nom de « Sailor Jerry LTD », grâce à une entreprise de création de Philadelphie qui a signé un partenariat avec Hardy et Malone.
En 2017, un bar ultra-éphémère a même ouvert à Paris pour mettre à l’honneur tous les fans de Sailor Jerry investissant un lieu désaffecté, le convertissant en temple du rock, du tatouage et du rhum !
À vos shakers !
Pour conclure cette chronique, deux recettes de cocktails hyper faciles à réaliser : courrez vite acheter votre bouteille de Sailor Jerry Spiced !!!
Pineapple Sailor Daïquiri
Ingrédients :
- 4 cl de rhum Sailor Jerry spiced
- 2 cl de jus de citron vert frais
- 1,5 cl de sirop de canne à sucre
- 3 cl de jus d’ananas
- Feuilles d’ananas
- Rondelle d’orange
Recette :
- Ajouter tous les ingrédients sauf la décoration dans un shaker avec de la glace.
- Secouer vigoureusement et filtrer dans un verre sur glace.
- Décorer de plusieurs feuilles d’ananas et d’une tranche d’orange.
Sailor Jerry Hurricane cocktail
Ingrédients :
- 5 cl de rhum Sailor Jerry Spiced
- 5 cl de jus de fruit de la passion
- 2 cl de jus de citron frais
- 1 cl de sirop de canne à sucre
- 1 cerise à l’eau-de-vie
Recette :
- Ajouter tous les ingrédients dans un grand verre Tiki ou Hurricane.
- Remplir de glace pilée et mélanger.
- Décorer d’une cerise à l’eau-de-vie.
Bon apéro ! 😋
Même si l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.